« L’essayer, c’est l’adopter », certes ! mais quand il s’agit du Lean, toute la difficulté réside dans le premier mot.
Méthode basée sur l’amélioration continue et l’élimination des gaspillages, le lean a un impact spectaculaire sur les délais, la qualité, les coûts et la productivité. A titre d’exemple, la première année, la productivité augmente de 30% (minimum).
Tous les consultants vous le diront : sur 100 personnes, la première rencontre avec le lean se traduit en général par un coup de foudre (si vous avez de la chance ), quelques opposants définitifs
et une grande majorité de « sympathisants intellectuels ».
Dès que vous proposez aux sympathisants » d’y aller », vous comprenez vite qu’ils trouvent le concept très bon, excellent même mais que « chez eux, ce n’est pas si simple car chaque cas est différent » … En gros, ils le laissent aux autres, aux besogneux qui ont un travail routinier et facile (ca existe ? ).
En ces temps économiques difficiles, qu’y a t’il de si puissant pour que des professionnels aguerris « snobent » 30 % d’amélioration de productivité ?
Conviction que le système actuel est difficilement perfectible ? incrédulité ? peur de se lancer dans une révolution culturelle ? peur des réactions de l’équipe ? peur des problèmes ?
Prenez le temps de lire mon plaidoyer en cinq phrases « choc », volontairement provocatrices et passez de la sympathie à la pratique convaincue.
1.- Le lean, ça marche
… donc, ça marchera chez vous aussi !
Oubliez l’image de Charlot qui visse des boulons encore trop souvent associée au lean.
Il y a belle lurette que le concept, né chez Toyota à la fin de la seconde guerre mondiale, a dépassé les frontières de la production automobile et de la production tout court. On le retrouve dans tous les secteurs d’activité, de la production aux services en passant par les soins.
Si vous avez des clients qui vous passent des commandes et que vous souhaitez être payé après les avoir honorées, alors vous pouvez faire du lean dont voici ma définition préférée :
Réduire le délai entre l’arrivée de la commande et l’encaissement du cash en supprimant tout ce qui n’est pas de la valeur ajoutée (Taiichi Ohno)
Arrêtez de vous raconter des histoires. Ce n’est facile chez personne, pas plus chez les autres que chez vous mais ça n’a rien d’insurmontable non plus.
Mais peut être êtes-vous persuadé n’avoir que de la valeur ajoutée depuis le temps que vous peaufinez vos process ? Désolée de vous enlevez vos illusions …
2.- Au mieux, vous produisez 3 minutes de valeur ajoutée par heure travaillée
Ca fait mal, hein ?
En cette période de crise, où tout le monde délocalise et cherche le pays où le coût du travail est le plus faible, ça mérite réflexion et surtout une petite explication.
Pour le lean, la valeur ajoutée est ce qui donne un plus au produit, tout le reste est du gaspillage. Trouer, cintrer, peindre, faire sont des verbes qui génèrent de la valeur ajoutée, déplacer, transporter, chercher, attendre, recommencer, abimer sont des verbes de non valeur ajoutée.
Toyota qui est en avance sur tous les autres, a cinquante ans d’expérience, a poussé très loin le concept a un ratio de … 20 %.
Vous ne pouvez qu’être en dessous. Tous les process que j’ai vus étaient à 5 % (voire à 2 ou 3 dans le monde administratif). La littérature indique des ratios similaires.
Mais voyez les choses positivement, vous avez un potentiel d’amélioration de 95 %
Depuis le temps que le process existe, vous allez me dire que si c’était si simple, vos prédécesseurs l’aurait fait bien avant vous.
Erreur !
3.- Regardez avec « les yeux du lean »
Aujourd’hui, et comme vos prédécesseurs hier, vous avez le culte de la valeur ajoutée. Vous avez été bercé par les temps gamme, l’utilisation optimale des machines et des hommes.
Je suis prête à parier que si je vous demande ce qu’il faut faire pour que votre process se porte mieux, avant trois minutes vous m’aurez parlé d’acheter une machine qui fait les choses plus vite ou plus de choses en même temps ou d’un automatisme qui …etc etc. Vous m’aurez expliqué qu’il faut optimiser les 5% de valeur ajoutée.
En regardant entre les différentes tâches à valeur ajoutée, vous êtes sur de trouver des idées d’amélioration à la pelle puisque personne ne s’en est jamais préoccupé.
En optimisant votre process de manière globale, vous verrez les choses autrement qu’en laissant chaque « chapelle » optimiser sa petite partie sans se préoccuper de l’impact de ses décisions chez les autres.
Le plus dangereux type de gaspillage est celui que nous ne reconnaissons pas (Shiega Shingo)
Alors n’oubliez pas, tout ce qui n’apporte pas un plus au produit, est un gaspillage.
Votre objectif est de le supprimer (un jour) ou de le réduire au maximum. Ne faites pas de purisme : si le gaspillage coûte moins cher que sa suppression, gardez le ! et passons au sujet principal …
4.- On ne fait pas de lean sans les gens
Sans engagement de la direction, le lean est voué à l’échec mais sans l’adhésion et la coopération du personnel également.
On me dit souvent que les gens ont peur du lean. Avec tous ceux qui en parlent (et qui malheureusement en font) sans savoir de quoi ils parlent ce n’est pas étonnant.
Comme votre système actuel, le lean a ses avantages et ses inconvénients
Aujourd’hui, il y a des choses que votre personnel n’aime pas : le stress, la charge mentale, le manque d’ergonomie, les heures supplémentaires un jour, la modulation basse le lendemain … il appréciera le lean qui obligera à résoudre les problèmes quotidiens, améliorera la sécurité, apportera des process qui produiront les résultats attendus sans que tout le monde s’agite autour …
Il aime son autonomie, il aimera moins la standardisation et la discipline nécessaires à la survie d’un système lean.
A vous d’ expliquer, d’ intégrer le maximum de gens à la réflexion, tout se passera bien et vous serez surpris de tout ce qu’ils apportent. Si vous avez fait du « bon » lean, ils seront fiers de l’expliquer à vos visiteurs et, pour rien au monde, ils ne voudront revenir à l’ancien système.
Et pour finir …
5.- Le lean, c’est comme le vélo
On n’apprend pas en lisant des livres, en assistant à des conférences, en se demandant si c’est le bon outil, si c’est compatible avec notre culture , notre « business model »…
On monte dessus, on zigzague, on tombe, on persiste, on zigzague moins, on tombe moins et puis un jour, on sait en faire.
Prêt à « y aller » ? Faites moi part de vos commentaires
A très bientôt
Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs « Echanges de compétences » organisé par le blog Copywriting Pratique. Si vous avez lu cet article, à combien l’évalueriez-vous sur 5 ? Cliquez sur la note de votre choix : 0 – 1 – 2 – 3 – 4 – 5
9 Comments
Marianne
15 mai 2012 at 21 h 36 min —
Bonjour Michèle,
Merci pour votre article très intéressant. Quand on débute, il oblige à vraiment fouiller votre blog, un lien par ci, par là simplifierait la vie des visiteurs.
Bien à vous,
Marianne
Michèle
16 mai 2012 at 8 h 24 min —
Bonjour Marianne,
Bien sur, vous avez tout à fait raison.
Merci d’avoir pris le temps d’attirer mon attention sur ce point
Bonne journée
Michèle
Sylvie
17 mai 2012 at 10 h 20 min —
Bonjour Michèle,
Grace à l’évènement organisé par Yvon, je découvre ton blog et… le lean. J’en avais vaguement entendu parlé, mais je n’avais pas vraiment compris.
) ton article que les choses se sont éclairées. Même si je ne suis pas certaine que le lean puisse s’appliquer à toutes les entreprises, dont celle dans laquelle je travaille.
C’est en parcourant ton blog et en lisant (et notant
En tout cas, merci de ton article clair et très intéressant.
Belle journée
Michèle
17 mai 2012 at 11 h 09 min —
Bonjour Sylvie,
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article et de rédiger ce commentaire.
Tu sais, le lean est avant tout un état d’esprit, « satisfaire ses clients », « apprendre de ses erreurs » … Après il y a les outils sur lesquels reposent la méthode et bien entendu, nous ne mettrons pas l’accent sur les mêmes selon l’activité de l’entreprise.
J’aimerais beaucoup que tu me dises ce que fais l’entreprise dans laquelle tu travailles et pourquoi tu penses que le lean ne s’y appliquerait pas.
Bonne journée à toi
Michèle
Florent d'EOTV
18 mai 2012 at 16 h 24 min —
Quel plaisir de lire une article positif et enthousiasmant sur le Lean… Merci pour cette bouffée d’oxygène !!!
Au plaisir de vous lire.
Florent.
Michèle
21 mai 2012 at 19 h 26 min —
Quand j’ai vu que vous étiez dans la liste des participants à l’événement d’Yvon, j’espérais et redoutais à la fois votre avis sur cet article. Je suis ravie
Merci beaucoup !
Michèle
MarieEve@creation de site web
23 mai 2012 at 17 h 24 min —
Bonjour Michèle,
Je découvre votre blog avec cet article. Je l’ai trouvé très intéressant, je ne connais le lean que par son nom mais vous m’avez définitivement donné envie d’en savoir plus.
Michèle
23 mai 2012 at 18 h 07 min —
Bonsoir Marie Eve,
Je suis ravie de vous avoir donné cette envie et pourquoi pas plus tard celle d’essayer
Merci d’avoir pris le temps de rédiger ce commentaire
Bien à vous
Michèle
Pingback: 55 conseils pour être plus efficace et plus productifCulture Lean